la griffe du chien 🐶 wouf

Le vide

Le Chien n’est pas l’ennemi du vide, et cette paix récente rend sa vie plus paisible. Contrairement à l’humain, l’attention du chien ne peut pas être captivée par la distraction. Cela rend impossible l’évitement du vide, mais depuis qu’il l’a apprivoisé, cette fatalité est devenue une bénédiction. Le vide est désormais un refuge suprême, l’unique niche au sein de laquelle l’on ne s’affaiblit pas. Me croiriez-vous si je m’exclamais qu’observer la neige fondre est plus productif que la plupart des « emplois » ?

On remarque rapidement celle qui n’est pas familière avec le vide par son mouvement incessant et la faible sélectivité de ses actions. Comme un chiot affamé dévorant un saucisson ranci, l’être ayant peur du vide tolère la médiocrité dans ses relations et occupations. « Cela est mieux que rien » admettra-t-elle, le regard anxieux.

C’est d’ailleurs le réel problème : pour celui qui est terrifié par le vide, tout est mieux que « rien ». Voilà pourquoi la phobie d’être mal-aimé n’attire que des névrosés, tandis que les avares, angoissés par le manque d’argent, acceptent les pires salaires. Celui qui transcende cette aversion viscérale renaîtra, et le vide lui servira de terre fertile où germent l’opportunité et la sagesse.

Les points de repères étant absents du vide, l’individu habitué aux directions claires fléchira. C’est ce qui rend le vide profondément malaisant : on ne peut s’y accrocher à rien. Le brave ayant suffisamment foi pour accepter cet inconfort sera toutefois généreusement récompensé. En suspendant consciemment son activité, il taillera une place à ses motivations et idées subconscientes, qui surgiront aussitôt. Il pourra ainsi observer et accueillir, calmement et lucidement, des secrets opportuns dotés d’un immense pouvoir transformateur.

Le vide est une tempête impitoyable qui anéantira tout ce qui est superflu et faible en vous. C’est d’ailleurs la meilleure préparation à la mort : il élimine d’avance tout ce qui est mortel en soi. Utilisez-le sagement, comme un jardinier désherbant son potager, pour vous épurer. Confronté à vos névroses et habitudes néfastes, choisissez toujours le vide : il vous guérira.

Celle qui découvre la stabilité du vide aura ainsi trouvé une stabilité en toute chose, car celle-ci ne dépend de rien. La plus grande confiance n’est-elle pas celle qui n’a nul besoin d’appui?

La fuite du vide est l’origine de la souffrance. Saurez-vous vous y aventurer avec suffisamment de paresse pour vous y laisser consumer?



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