la griffe du chien 🐶 wouf

La mort

La vie d’un chien est courte, et cela rend sa procrastination très coûteuse. Pour ne pas s’égarer de ce qui lui importe vraiment, il doit ainsi garder sa propre mortalité à l’esprit.

En effet, il est rare qu’une journée défile sans que le Chien contemple la mort. « Quelle sera la valeur de ce moment sur mon lit de mort? » se demande-t-il constamment, le regard sceptique. Cette perspective peu commune l’empêche de participer aux paris trop gourmands en vitalité.

Il se méfie des promesses des braves gens, qui lui suggèrent de prendre part aux aventures mondaines coûteuses en temps. Lui qui s’est déjà fait prendre à être pressé, il renonce désormais à tout ce qui ne lui permettra pas de mieux mourir.

Les humains profitent de leur longue existence pour perdre leur temps. Grâce à leur péremption tardive, ils remettent leurs réelles ambitions au lendemain, et refoulent toute réflexion traitant de leur propre mortalité.

Leur relation au temps devient ainsi très ironique. Ils gèrent leur portefeuille comme s’ils ne vivaient qu’aujourd’hui, mais gaspillent leur temps comme s’ils étaient éternels. J’ai tendance à faire le contraire ; c’est pourquoi je travaille si peu.

Rares sont ceux qui ne sont pas désemparés par l’arrivée de leur propre mort. Feras-tu partie de ces pauvres défunts qui, au moment de leur décès, s’attristent d’avoir traversé leur vie en dormant? Combien d’années te reste-t-il avant de t’éteindre? Invoque cette perspective lors de toute décision cruciale ; tes jours restants t’en remercieront.

Et si la mort te fait peur, n’évites surtout pas d’y penser. Je te partage le secret du chien : meurs avant ta mort, et tu n’auras pas à mourir au moment de ta mort.

Celui qui s’observe attentivement jusqu’à s’éteindre soi-même se verra renaître, libre de l’Étrange-Problème-Sans-Nom. Le voilà ainsi délivré de sa propre mort.



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