la griffe du chien 🐶 wouf

Le placebo

Le Chien ne pourra jamais profiter de l’effet placebo. Son absence de petite voix et d’attentes l’immunise contre les fausses pilules, qui n’affectent que ceux qui croient en leurs vertus. Ainsi, le Chien, bien qu’un malchanceux malade, est un excellent cobaye. Ses sens aiguisés flairent d’ailleurs facilement les remèdes illusoires. Soyez avertis : leur omniprésence vous choquera.

J’en vois qui se prétendent prêcheurs de vérité ; « sceptiques » aiment-ils s’appeler. « Au bûcher toutes ces fausses croyances! » s’écrient-ils, pointant du doigt ceux qui s’en remettent aux cristaux, au tarot et aux anges. Leur regard explosif les ferait passer pour des activistes! Mais ne les rabaissons pas aussi gratuitement : ces combattants n’ont pas tort, et je salue d’ailleurs leur lucidité. J’ai toutefois un reproche à leur faire : l’arrêt prématuré de leur scepticisme.

Souvent, le sceptique applique exclusivement sa logique déconstructrice à ce qu’il n’aime pas. Il n’utilise ainsi pas sa raison pour se questionner soi-même, mais pour réconforter son être déjà endurci. Ce curieux individu peut, cigarette à la main et l’expression confiante, vous exposer l’absurdité de la recherche de satisfaction dans le matériel. J’en ai même vu partager des citations de productivité sur les réseaux sociaux! Cela n’est-il pas la seule façon pour un intellectuel d’être laid, c’est-à-dire de n’être qu’un vulgaire porte-parole pour des idées qu’il trahit par ses actions?

Revenons-en toutefois au tarot, qui, bien que placebo de premier rang, possède au moins le mérite d’être inoffensif. Riez des anges autant que cela vous plaît – et je me joindrai sans doute à vous – mais cet enjeu me paraît banal et insignifiant. Lorsque j’observe les civils perdus dans leur raz-de-marée personnel, ce ne sont pas leurs cristaux inefficaces qui me préoccupent, mais leur attachement à d’autres placebos beaucoup plus destructeurs.

Les anges causent bien peu de maux comparativement aux quêtes de confort matériel et à la dépendance au divertissement. Pourquoi n’accusons-nous pas les bourreaux de travail de poursuivre des mirages, ou les poules de luxe de fuir leur mort? Attaquons-nous d’abord aux réels placebos, aux poisons sournois qui pervertissent l’âme des braves gens. Une fois ces plaies éliminées, nous célébrerons en nous moquant du tarot.



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