Sur son premier chemin, le Chien a sondé le monde de la prospérité. Il y a rencontré des riches, certains enivrés par l’argent, et d’autres endormis par la stabilité prévisible de leur vie.
Mais le voilà qui s’était libéré – du moins, il le croyait – de cette quête sans fin que plusieurs nommaient « la vraie vie ». Le Chien, dans un élan de frustration, avait résolu de ne plus jamais tomber dans le piège des braves gens. « Que m’importe la pauvreté monétaire! Une vie futile, voilà ce qu’est la véritable pauvreté! Qu’aurais-je à faire d’une existence rentable mais vide de sens? Je préfère risquer la misère que garantir l’ennui! » Ainsi pensait le Chien.
Ayant rejeté mes obligations, je me suis retrouvé devant un paisible vide. Au début, j’appréciais la légèreté du vagabond. Quel soulagement que d’être finalement libéré de mes anciens objectifs mondains. Aucun souci de notes, ni de promotions. Étais-ce justement la fin de toute préoccupation? Je croyais avoir tiré mon épingle du jeu.
Cette extase, comme tout soulagement, fût toutefois de courte durée. Le plaisir des grâces matinées, des télé-séries, et mêmes des vacances, s’estompait. Sans la semaine monotone et tendue qui le précédait, le vendredi ne signifiait plus rien.
En me coupant du stress des civils, je m’étais aussi privé du doux plaisir de leur détente. Je justifiais cette perte par les voyages et les nouvelles libertés dont je pouvais profiter, mais ces attraits, comme la retraite, ont perdu leur éclat dès que je m’y suis habitué.
Naïf, j’avais cru que mon rejet d’une carrière austère suffirait à me satisfaire. Je m’étais trompé! Mes choix m’avaient ramenés à la case départ, mais j’y étais plus lucide qu’auparavant. Il me fallait toutefois trouver un nouveau chemin au plus vite ; je sentais le sol s’effriter sous mes pieds, et je n’étais pas assez fort pour affronter le vide.
Par chance, une aspiration m’animait toujours. J’avais soif d’une nouvelle façon de vivre, d’une existence significative au sein de laquelle je pourrais investir mon cœur sans avoir l’impression de le trahir.
C’est ainsi que j’ai entamé mon deuxième chemin, mais nous en reparlerons une autre fois.