la griffe du chien 🐶 wouf

L’argent et le temps.

Avant même de me transformer en chien, j’ai remarqué que l’argent et le temps ne faisaient pas bon ménage. Ceux qui disposaient de beaucoup de temps manquaient souvent d’argent ; et celles qui travaillaient temps plein sacrifiaient leur temps libre pour gagner plus l’argent.

Cette observation a fait naître en moi un dilemme : valait-il mieux avoir plus de temps, ou plus d’argent? J’ignorais comment réfléchir à cette question. J’ai donc décidé d’observer.

D’un côté, j’ai vu des gens prospères. Leur regard déterminé et leur démarche confiante m’attiraient. Vigoureux, ils semblaient motivés par une mission pleine de sens. J’enviais leur direction inébranlable.

Mais ces braves n’avaient pas tout : ils étaient pressés, angoissés et peu patients. Prisonniers de leurs objectifs, leur pragmatisme les empêchait d’apprécier un long repas entre amis. Les derniers arrivés et les premiers repartis, voilà comment on les reconnaissait dans une soirée. « Il faut que j’y aille » s’alarmait ce curieux convive, agrippant son cellulaire d’une main et ses lunettes fumées de l’autre, « je dois déjà être ailleurs! »

Égarer la profondeur et la subtilité de ses journées au profit d’une course effrénée ; était-ce le prix d’une vie menée par l’amour de l’accomplissement?

De l’autre côté, j’ai vu les hippies, les rêveurs et les éternels voyageurs. Ils avaient choisi le temps libre et la simplicité d’une vie près de l’état de nature. Leur sourire m’attendrissait et en leur présence, je me sentais léger. J’ai vu en eux une alternative au chemin droit et calculé du civil prospère.

Mais malgré leur rejet des engagements et des responsabilités, ces bons vivants n’étaient pas aussi libres qu’ils en avaient l’air. Limités par leurs moyens, ils devaient se priver, ou sacrifier leurs principes éthiques, par peur de manquer d’argent. Certains se résignaient même à la dépendance!

J’en voyais qui marchaient des heures pour économiser une poignée de change, ou qui travaillaient toute une journée pour une bouchée de pain. « Combien cela coûte-t-il? » répétaient-ils avec dédain, les lèvres pincées. À force de se serrer la ceinture, leur cœur se crispait.

Une vie guidée par l’amertume et le dégoût de l’argent, était-ce la réponse juste aux excès des fortunés? À mes yeux, tous deux – prospères et hippies– étaient esclaves de leur portefeuille, que ce soit par avidité ou par aversion.

Le Chien a essayé ces deux chemins. Les deux fois, il s’est cogné au même mur. Il vous partagera ses mésaventures bientôt.



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