À défaut de pouvoir échapper au temps, votre brave chien a abandonné l’horloge. Vous aurez du mal à repérer l’heure dans ma niche. J’ai même désajusté les montres que je n’arrivais pas à casser!
L’heure est sans doute l’artifice nous éloignant le plus de la nature. Du haut de son tic-tac, elle divise chaque moment en tranches égales et monotones. C’est ainsi que le temps s’est transformé en heure. Depuis cette invention, nous avons égaré le rythme variable de la nature pour rejoindre le monde des minutes.
C’est l’heure, et non le temps, qui vous contraint à vous lever au noir en hiver. L’horloge se fiche bien de la météo, des saisons ou même de votre humeur. Elle force votre corps à suivre un horaire rigide, contrairement à la nature qui danse à un rythme changeant.
Dès leur séjour en garderie, les humains s’obligent à vivre selon l’heure. Regardez les bambins, comme ils souffrent les matins d’hiver. Leurs paupières sont si lourdes qu’elles font tomber leurs têtes! Sous prétexte de les préparer pour la « vraie vie », nous les séparons de leur vitalité.
L’horaire pressé de chacun a créé un monde dans lequel personne ne gouverne son temps. Voilà pourquoi j’ai abandonné l’idée d’un emploi depuis si longtemps. On voulait que je m’y synchronise à l’horloge. « Non merci » ai-je dit, « je ne travaille qu’avec la pluie ou la nuit ».
L’automne arrive. Remarquez comme votre cadran vous embête davantage chaque matin. Il veut que vous nagiez contre le temps, lui qui se laisse porter paisiblement par les journées plus courtes et fraîches. Je vous invite à suivre la nature.
Ce que je souhaite, c’est vivre avec le temps, et non contre lui. Que les journées de pluie soient honorées par mon oisiveté, et que le soleil se réjouisse de mon réveil hâtif. Pourquoi chercherais-je à compartimenter cette suite de moments, d’émotions et d’événements avec des chiffres?
J’aime le temps ; c’est pourquoi l’heure me répugne.