Il fût une époque où le Chien détestait la discipline. « À quoi servent ces règles austères que vous vous imposez? » se demandait-il, irrité. « Ne sont-elles pas des béquilles, des principes superflus qui vous limitent, comme des œillères? Chaque jour est différent ; accueillez-le donc ainsi, sans lui imposer de cadre rigide! » Voilà ce qu’affirmait le Chien.
Son discours n’était pas faux, mais pas pleinement lucide non plus. Certes, son seul phare demeurerait la liberté. Se départir de ses chaînes à tout prix, soutenir son entourage lorsque cela semble juste et surtout, ne pas mourir avant de s’éveiller : ces principes guident encore le Chien.
Les aspirations du Chien demeurent inchangées, mais ses moyens se sont transformés. « Pour briser ses chaînes, on doit être puissant » a-t-il réalisé. « Et pour cela, il faut de la discipline! »
Autrefois, en méprisant la discipline et les contraintes qu’elle m’imposait, j’échangeais de grandes libertés contre des libertés basses et insignifiantes. Comme un investisseur trop pressé, je récoltais hâtivement des plaisirs éphémères, et je me coupais ainsi des fruits dont le mûrissement exige temps et travail. Une soumission à mes envies changeantes, temporaires et imprévisibles : voilà qui résume bien mon ancienne fausse liberté.
Celui qui choisit la liberté facile d’une grasse matinée se prive de la longueur d’avance dont profite le lève-tôt ; et celle qui s’offre le plaisir de s’empiffrer de sucreries perd l’aisance gracieuse d’un corps sain et esthétique.
Je ne conseillerais pas de rechercher la liberté, car ce souhait est vague et peu profond. Demandez-vous plutôt : « De quelles libertés souhaiterais-je profiter? » De cette question émergera des aspirations, qui guideront lucidement vos journées, et vous mèneront invariablement à la discipline. Rien n’égale la liberté solide et durable émergeant d’une discipline consciente et rigoureuse. Vous en priverez-vous?