la griffe du chien 🐶 wouf

Le changement

Ces derniers jours, le Chien tente d’ajuster ses habitudes pour qu’elles l’entraînent plus haut. J’essaie ainsi d’épurer mes actions afin qu’elles cessent d’être inconscientes, voire sournoises. Mon ambition est que tous mes mouvements, pensées ou intentions deviennent lucides et significatifs. Cela est un travail en soi ; voilà pourquoi il me reste si peu de temps pour gagner mon pain. Par chance, j’aime le pain sec.

Certains diraient que j’investis mes énergies dans mon propre changement. En réalité, le changement ne demande aucun effort. Tous changent constamment : vivre, c’est se transformer. C’est justement cette réalisation – que ma transformation est inévitable – qui motive mes efforts. Sans cela, je n’aurais sans doute pas eu le courage de me prendre en main.

J’étais autrefois sous l’impression que je pouvais remettre à plus tard mon évolution. Certes, je souhaitais, à long terme, tendre vers certains idéaux, mais je ne m’en approchais pas activement. J’attendais je-ne-sais-quoi, peut-être l’apparition de circonstances plus favorables, ou d’une motivation miraculeuse facilitant mon développement.

Mais un jour, un sentiment d’urgence m’a envahi, comme une nausée. J’ai compris que chaque semaine d’inaction n’était pas une pause, mais un pas en arrière. Ma négligence m’éloignait de mes objectifs, et rendait leur réalisation encore plus ardue et improbable. Comme à vélo, il me fallait avancer pour maintenir l’équilibre. Mais cela demandait des jambes aguerries qui m’étaient étrangères!

On perçoit souvent le changement comme risqué, et c’est bien vrai, tout choix contient sa part de risque. Mais cette peur du changement se fonde sur une fausse prémisse : la sécurité du statut quo. Celle qui est aliénée par son emploi hésitera sans doute à réorienter sa carrière, croyant que ce changement serait risqué. Et bien sûr, il l’est. Mais qu’en est-il du risque de garder son emploi? Ne risque-t-il pas d’éteindre son âme? De faire germer en elle le ressentiment, la jalousie et le mépris? Préfère-t-elle réellement ce risque à l’incertitude du changement?

À mes yeux, le plus grand risque est celui d’une existence dénuée de sens ; celui d’une vie ne justifiant en rien ses inévitables souffrances et difficultés. Celui qui réalise le réel danger d’une vie inconsciente découvrira ma motivation : vivre lucidement m’est profondément difficile, mais me résigner à l’inconscience le serait encore plus.

À ce jour, une seule chose parvient à me motiver : la peur. L’honnêteté devant moi-même, la responsabilité quant à mon existence et la discipline sont des exercises viscéralement inconfortables ; ce n’est pas par plaisir que je m’y essaie. C’est plutôt ma peur bleue d’une vie négligeant ces principes qui explique mes actions. La conscience fait souvent souffrir, mais si cela m’évite les terrifiantes conséquences d’une existence inconsciente, j’y vois un pari gagnant.

La possibilité offerte n’est pas celle du changement, mais celle d’être conscients et responsables de ce changement. Je ne miserais pas sur celui qui s’en remet à la chance pour grandir! Il n’existe que quelques façons de s’élever, mais d’innombrables routes mènent au chaos et la déchéance.

« Je ne souhaite pas changer! » s’offusque peut-être celui s’observant peu. J’ai une mauvaise nouvelle pour lui : ce désir est lui-même une transformation!

« Tu ne disais pas cela hier, mon brave! Aurais-tu déjà changé? »



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