la griffe du chien 🐶 wouf

L’activiste

J’adore l’activisme, mais j’aime peu d’activistes. Je les trouve trop bruyants, et leur regard combatif me rappelle celui du chien mordillant la main qui le nourrit : manque-t-il d’attention?

Le véritable activisme n’est pas celui que l’on pratique le jeudi soir, entre convaincus et autour d’un verre, ou dans la rue, le dimanche matin, s’il fait soleil. L’activisme, comme la sagesse, demande que l’on s’y jette corps et âme.

Ceux qui parlent trop ont tendance à ne pas assez agir, et ce danger guette ma griffe. J’aspire à ce que tous mes mots soient prescriptifs ; je n’ai d’ailleurs aucun respect pour l’intellectuel qui prône des idées sans les intégrer à sa vie. Celui qui ne vit pas sa philosophie, mais la traite comme une vulgaire commodité mentale, n’est en rien supérieur au sot qu’il juge si aisément.

J’en vois qui se permettent de critiquer le chaos créé par les structures socio-économiques, mais qui n’arrivent pas à maintenir l’ordre de leur propre chambre. Emballés et émotifs, ils prennent hâtivement parole sans démontrer leur compétence. Ceux qui jappent bruyamment ne sont pas les penseurs les plus raffinés, mais les plus frustrés. La rhétorique sur-développée est dangereuse, surtout entre les mains d’un partisan avide de drame.

Le monde des humains est complexe, et il est difficile d’y développer des opinions réfléchies. C’est pourquoi je deviens sceptique devant l’activiste qui prétend comprendre tant de problèmes sociaux, et qui lui prescrit ses solutions. C’est le symptôme clair de cet idéologue dangereux, qui attribue des causes simplistes à des questions compliquées. Un activiste précoce, voilà comment j’appelle ce militant qui se définit par des idéaux dont il ignore la portée.

On ne devrait pas enseigner l’activisme, mais l’intégrité. Que vos discours expriment votre propre maîtrise de vous-même, et non votre frustration envers les caricatures de vos ennemis. Et surtout, méfiez-vous de l’opinion tranchée ; elle indique que vous n’en savez pas assez.

J’apprécie celui qui s’est développé de façon équilibrée, et dont la confiance du discours reflète la compétence, et non la naïveté. J’admire particulièrement celle qui exprime ses idées sans égarer sa paix d’esprit : j’y reconnais la citoyenne réfléchie n’étant pas ennemie de la sagesse.



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