la griffe du chien 🐶 wouf

L’acceptance

Un mensonge nocif court les rues et endort ceux qui l’aperçoivent. « Tu es parfait! » annonce-t-il à quiconque croise son chemin, sans même le connaître. Ce mensonge se nomme l’acceptance. Le connaissez-vous?

L’acceptance se vante d’être bonne et sage. Après tout, n’est-il pas noble de s’accepter tel que l’on est, sans lutter contre sa propre nature? Cela dépend.

Certes, l’acceptance est parfois une vertu. En s’acceptant, on met de côté nos jugements et on peut ainsi s’observer soi-même sans se mentir. Grâce à l’acceptance, on retrouve de vieux désirs poussiéreux, refoulés par nos insécurités. Pratiquée sagement, l’acceptance évite bien des crises de quarantaine ; elle est l’antidote au refoulement de soi-même.

Mais comme tout remède, en dose trop généreuse, l’acceptance est plus nocive que les maux qu’elle aspire à guérir. Suspendre l’autocritique est seulement utile dans la mesure où cela nous rend plus lucide. Poussée trop loin, l’acceptance nous aveugle, et nous fait ainsi oublier nos propres lacunes.

Un parent négligent, un drogué endetté ou un assassin en fuite ; voilà trois personnages qui feraient mieux de ne pas s’accepter. L’acceptance a un effet pervers : elle décourage le changement. J’en vois qui l’utilisent pour fuir leurs responsabilités, et se satisfaire d’une version molle et corrompue d’eux-mêmes. « Je m’accepte tel que je suis », revendiquent-ils, le dos courbé. Où est passée leur volonté?

La racine de tout changement est l’insatisfaction. Seule celle qui reconnait sa propre imperfection peut évoluer ; cette évolution est la nature du vivant. Voilà ce qu’un moustachu que j’admire a nommé la « volonté de puissance ».

Rien n’est plus affreux que de convaincre quelqu’un de faible qu’il est fort, voire qu’il est parfait. Dire à un homme au cœur tordu par sa propre insuffisance qu’il est parfait, n’est-ce pas la seule façon de le tuer? Voici comment démolir un humain: en récompensant ses faiblesses, et en étranglant sa volonté de grandir. « Vous êtes parfaits là où vous êtes! Acceptez-vous donc ainsi! » crache le tyran, à ses sujets menottés. 

Trop s’accepter, c’est se laisser mourir. Celui qui accepte la soif au point de ne plus l’assouvir décédera en quelques jours. Il ne faut pas accepter l’inconfort trop vite ; n’est-il pas le moteur de notre propre croissance? 

Je vous ai partagé les dangers de l’acceptance. La semaine prochaine, je vous parlerai de son antidote : l’idéal.



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