la griffe du chien 🐶 wouf

La victime

Beaucoup d’humains aiment leur chien petit, mignon et dépendant. Apeurés par les cabots puissants et dominants au point de les bannir, ils préfèrent les chiens faibles ne menaçant pas leur autorité fragile. Cette affection pour les êtres frêles ne se limite d’ailleurs pas aux chiots.

Saviez-vous qu’un nouveau système de valeurs est né? Curieusement, il place la victime au sommet de sa pyramide hiérarchique. Dans cet univers, la victime – qu’elle soit pauvre, malade, stupide ou négligente – est intrinsèquement vertueuse. Gare à celui qui n’est pas assez faible ; on le dénigrera sous présomption qu’il cause le malheur des victimes.

Que cache-t-il derrière le déguisement bénévole et compatissant des adorateurs de victimes? Sous leur prétendue vertu, je pressens une haine des puissants. Feraient-ils partie de ces individus prévisibles qui détestent les riches?

Haïr le riche est à la mode! Ce mépris apporte un réconfort simple aux insatisfaits. « Je ne suis pas riche, mais au moins je ne suis pas méchant! » s’exclame ainsi l’impécunieux, le cœur amer. Cette stratégie abordable n’est pas nouvelle : pourquoi apprendre à nager lorsqu’on peut caler celle qui nous dépasse?

Je vous le dis, le succès du riche prenant pour acquis ses circonstances est plus incertain que celui du pauvre qui se surmonte soi-même. Ceux qui gagnent à la loterie se retrouvent d’ailleurs vites à la case départ ; aucune somme n’est assez imposante pour limiter les dégâts de l’incompétence financière.

Certes, la chance n’est pas distribuée également ; mais à quoi bon s’y attarder? L’individu dont les valeurs tordues favorisent les victimes décuple sa malchance. Il s’assure de lui-même demeurer victime, car échapper à son sort l’obligerait à rejeter son identité.

Je n’ai pas foi en cette vision du monde au sein de laquelle l’obèse est la proie de sa génétique (et de son appétit) et où l’adolescent simplet est victime de ses professeurs. À force de favoriser l’humain qui échoue, vous aurez de moins en moins de vainqueurs, et les « victimes » se multiplieront.

Qu’aurait l’air le sport si on y préférait les équipes perdantes?



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