la griffe du chien 🐶 wouf

La prison

Un chien est libre, car il est incapable de se sentir prisonnier. Il n’est ainsi pas emballé par les quêtes de libération, ne voyant en elles qu’un poids superflu. De leur côté, les humains sont aussi nés libres. Cependant ils ont tôt fait de s’enchaîner ; c’est le sort que leur réserve les secrets et leur hermétique Soi. La plupart ne sont pas conscients de ces chaînes, et mon intention n’est pas de leur pointer. Mais celle qui remarque son propre sort aura besoin d’un chemin menant vers sa libération. « Comment as-tu égaré ta liberté? » Voilà ce que je lui demande!

La liberté inconsciente du jeune bambin le rend insouciant. Lorsqu’on lui apprend qu’il s’appelle « Je », il prend ainsi plaisir à brandir ce puissant et pratique mot. Mais sans s’y attendre, un beau matin, le bambin est devenu quelqu’un. Ayant oublié que « Je » n’était qu’un raccourci pratique, il développe une terrible habitude : entretenir et défendre cette perspective imaginaire. Cela l’entraîne dans un combat sans relâche contre la réalité. Cela est sa prison inconsciente.

Certains, par nostalgie ou frustration, se rendent compte de ce châtiment. Sentant vaguement que quelque chose cloche, ils deviennent chercheurs de liberté. Ces chercheurs sont confus et perdent souvent leur temps en blâmant leur environnement, voire en altérant leur identité. Inconsciemment, ils alourdissent ainsi leurs chaînes, livrant une véritable croisade contre la réalité. « Je » contre « Tout », voilà le combat qui les mène!

Épuisés, ces chercheurs finiront par se regarder eux-mêmes. Dans un ultime effort, ils tenteront de s’améliorer soi-même, mais cela semblera vide et inutile, comme une solution temporaire à un problème plus grand qu’eux. Les voilà très près du but! Bientôt, ils constateront le réel problème, et apercevront alors l’Étrange-Problème-Sans-Nom. Leur prison deviendra ainsi consciente.

Vivre dans l’illusion est simple, car on s’y oublie soi-même. Vivre sans illusion est facile, car on y est en harmonie avec la réalité. Mais vivre avec un peu d’illusions, cela est une vraie prison! Celle qui voit à moitié clair est assez lucide pour voir la friction engendrée par ses propres illusions. Voilà pourquoi elle semble souffrir davantage que celui qui ne cherche pas.

Vous souhaitez vous libérer? Je vous conseillerais vivement de ne pas commencer, mais votre souhait m’indique qu’il est trop tard. Tâchez donc d’en finir au plus vite, car seule cette liberté consciente saura étancher votre soif.

Observez-vous jusqu’à ce qu’il ne reste que vous, et puis demandez-vous la question finale :

D’où est-ce que je regarde?



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